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Mère intrusive, mère envahissante : Ma relation avec ma mère est-elle toxique ?

  • isetndomb
  • 7 juil.
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 1 jour

une femme noire triste avec la tête inclinée. Une main est posée sur elle et lui apporte du soutien car elle a une mère envahissante.

1. Une question que beaucoup de femmes se posent, sans oser la formuler


"Je sais qu'elle m'aime, mais elle me rend folle. "

Cette phrase, beaucoup de femmes l'ont déjà prononcée ou pensée en silence. Lorsqu'on grandit avec une mère intrusive, infantilisante ou contrôlante, il est courant de ressentir de la confusion : suis-je trop sensible ? Est-ce moi le problème ? Suis-je ingrate ?


La vérité, c’est que ces relations mère-fille ne sont pas toujours simples à nommer. Il n’y a pas de cris, pas de violences physiques. Mais il y a une fatigue émotionnelle profonde, un sentiment d’étouffement, une culpabilité latente. On en sort vidée, tiraillée entre loyauté et besoin de liberté, avec parfois une angoisse difficile à partager.


Chez une femme hypersensible, les répercussions peuvent être encore plus profondes. On ressent ce qui n’est pas exprimé, on capte les tensions invisibles. De plus, la sensibilité amplifie l’intensité des émotions vécues, mais aussi la difficulté à les exprimer ou à s’en protéger. On encaisse, on se tait, on culpabilise… souvent en silence, surtout lorsque le parent de même sexe est celui qui entretient ce type de lien.

Alors on se tait. On endure. Et on doute.


2. Le piège du “ce n’est pas si grave… mais ça fait mal quand même”


Dans les contenus qu’on lit ou entend, les cas mis en avant sont souvent extrêmes : des mères violentes, manipulatrices, cliniquement narcissiques. Seulement, il existe une catégorie de femmes qui elles, ne se reconnaissent pas là-dedans. Leur mère ne les a pas battues, elle ne les a pas abandonnées. Elle « veut leur bien », disent-elles.


Mais entre la mère aimante et la mère toxique au sens pathologique, il y a un entre-deux bien plus répandu. Un espace flou, où les blessures sont réelles, où la toxicité se cache sous une manière subtile de dévaloriser ou de contrôler. Un espace où l’on oublie que tous les parents, même aimants, peuvent parfois blesser sans le vouloir. Et c’est ce flou qui empêche de poser des limites claires. C’est lui qui alimente le doute, la culpabilité, la solitude silencieuse.


3. Le concept de la “mère ronce” : un lien qui accroche, qui étouffe, sans être pathologique


Pour mettre des mots sur cette expérience si fréquente et pourtant si peu nommée, j'ai choisi de parler de mère ronce . Une mère ronce, ce n'est pas une mère toxique au sens clinique. Elle ne remplit pas tous les critères du DSM-5 pour un trouble de la personnalité. Elle n'est pas malveillante par nature. Mais elle est blessée. Et elle accroche.

Elle a, en elle, des douleurs non résolues, souvent héritées de sa propre mère. Elle a grandi sans avoir reçu l'amour inconditionnel qu'elle attendait. Et sans en avoir conscience, elle cherche aujourd'hui à le recevoir de sa propre fille. Elle prend, elle exige, elle impose, tout en répétant qu'elle "fait ça pour son bien".


L’hypersensibilité : force ou vulnérabilité face à une mère ronce ?

Quand la fille est hypersensible, tout devient plus intense. Dans cette dynamique, l’hypersensibilité de la fille n’est pas seulement ignorée : elle est parfois utilisée contre elle. La mère peut renverser la situation, en lui disant qu’elle est  “trop émotive”, “trop susceptible”, ou “impossible à satisfaire” — ce qui renforce le doute intérieur et affaiblit encore davantage la confiance en soi.

Pourtant, votre hypersensibilité n’est pas le problème. Bien au contraire. C’est elle qui vous permet de sentir, parfois avant même de comprendre, qu’une situation n’est pas respectueuse pour vous. Elle agit comme un radar intérieur. C’est grâce à elle que vous percevez ce qui ne vous convient pas, que vous captez les dynamiques injustes ou oppressantes. Ce ressenti n’est pas une faiblesse : c’est une boussole. Et parfois, c’est le tout premier signal qu’il est temps de vous protéger.


Les profils types de mères ronce sont généralement :


La mère intrusive :Elle se mêle de tout, commente, critique, impose sa présence, sans toujours faire preuve de compréhension des besoins réels de sa fille.


La mère infantilisante :Elle parle à sa fille comme si elle était toujours une enfant, limite son autonomie et crée une relation de fusion qui empêche de construire une véritable intimité respectueuse.


La mère contrôlante (ou la mère dominatrice) :Elle cherche à orienter les choix, les décisions, la vie même de sa fille, au nom de son rôle de mère. Cela peut mener à de la dévalorisation subtile ou à une forme de négligence émotionnelle.


Mais ce qui caractérise surtout une mère ronce, c’est la difficulté à détacher son amour de ses blessures. Et c’est ce qui rend le lien si douloureux, si ambivalent.


Si ce lien est si difficile à vivre, c’est aussi parce qu’il laisse des traces durables sur la fille devenue adulte. Il entretient une peur du risque d’échec dans sa propre parentalité, dans sa propre maternité, et la conviction qu’elle devrait toujours faire “mieux”. Même lorsque l’on pense avoir “pris ses distances”, ces traces continuent d’influencer ses choix, ses relations et sa capacité à s’épanouir pleinement. Parlons-en.


4. Les conséquences invisibles mais profondes pour la fille adulte


Grandir avec une mère ronce laisse des traces durables, même si les blessures ne sont pas spectaculaires. La fille devient adulte, mais continue à se sentir comme une petite fille dans la relation. Elle doute de ses choix, redoute les conflits, cherche souvent à apaiser les choses.

Parmi les effets les plus courants, on retrouve : 


  1. Une culpabilité constante

Il devient très difficile de dire non, de prendre de la distance, sans se sentir méchante ou ingrate. Par exemple, refuser un dîner de famille pour rester chez soi avec ses enfants peut entraîner plusieurs jours de ruminations intérieures : “Est-ce que j’ai été trop froide ? Est-ce qu’elle va me le faire payer ?” Il arrive aussi que l’on finisse par dire oui “pour éviter les vagues”, tout en s’en voulant d’avoir cédé.


  1. L’hypervigilance émotionnelle

La relation avec la mère est anticipée comme un terrain miné : il faut surveiller ses mots, son ton, ses silences. Certaines femmes répètent même à l’avance ce qu’elles vont dire avant un appel téléphonique, de peur de “mal formuler” et de provoquer une réaction excessive. Il arrive aussi qu’elles adoptent une voix plus douce, presque enfantine, pour tenter d’éviter les tensions.


  1. Le sentiment d’étouffement

Même à l’âge adulte, certaines femmes ont l’impression de devoir se justifier pour leurs choix de vie. Lorsqu’elles décident de partir en week-end, de changer de travail ou simplement de décliner une invitation, elles ressentent le besoin de s’expliquer longuement. Et souvent, elles terminent l’échange avec le sentiment d’avoir été vidées, écrasées.


  1. La confusion identitaire

Elle s’installe à force de chercher l’approbation. Ne sachant plus ce qu’elles veulent vraiment, certaines femmes hésitent constamment, doutent de leurs choix, même après les avoir faits. Une question revient en boucle : “Est-ce que je veux vraiment ça ? Ou est-ce que j’essaie juste de lui plaire ?”


  1. Une difficulté à poser des limites

Ce manque de clarté intérieure engendre une difficulté à mettre des barrières, non seulement avec la mère, mais également au travail, dans le couple, avec les amis. Il devient difficile de dire non, de défendre ses besoins, de poser un cadre clair. On accepte trop, on s’adapte trop, ou l’on se tait pour “ne pas déranger”.


  1. Une vie sentimentale insatisfaisante

Certaines femmes choisissent des partenaires “raisonnables”, calmes, rassurants, mais peu alignés avec leurs véritables désirs. Ce sont souvent des hommes que la mère aurait approuvés. D’autres restent dans un couple insatisfaisant parce qu’elles redoutent le chaos émotionnel qu’un départ provoquerait chez leur mère ou dans leur famille. Et parfois, elles n’osent même pas construire une relation stable : la mère est trop présente, trop jalouse, trop accaparante. Des phrases comme “Tu pars en week-end sans me prévenir ?” ou “Tu passes plus de temps avec ton mec qu’avec moi…” sont autant de rappels implicites qu’aimer quelqu’un d’autre, c’est trahir.


  1. Une vie maternelle sous pression

Ces femmes mettent une pression énorme sur leurs épaules pour ne pas reproduire le schéma vécu. Elles veulent tout expliquer à leurs enfants, être disponibles à tout moment, ne jamais blesser, quitte à s’oublier complètement. Lorsqu’elles protègent leurs enfants de l’influence de leur propre mère, elles se sentent coupables. Il n’est pas rare d’entendre de la bouche de la grand-mère : “Tu me coupes de mes petits-enfants !” Cette accusation les plonge dans le doute, et dans une culpabilité tenace.


  1. Un perfectionnisme marqué au travail

Ces femmes sont souvent très investies, fiables, compétentes, mais elles n’osent pas dire non à leur hiérarchie ou à leurs collègues. Elles se retrouvent à assumer plus de responsabilités qu’elles ne devraient, travaillent tard, s’épuisent, sans recevoir la reconnaissance qu’elles espèrent. Et lorsqu’elles envisagent une reconversion ou un changement de voie, elles entendent encore résonner la voix maternelle : “Tu vas tout foutre en l’air avec tes lubies.”


  1. Des relations sociales frustrantes

La peur du rejet et le besoin d’approbation freinent les relations profondes. Dans un groupe, elles analysent tout, hésitent à s’exprimer, s’excusent souvent. Elles ont du mal à créer des amitiés solides, car elles s’effacent ou se suradaptent. Résultat : elles relativisent leurs besoins, minimisent leurs ressentis et s’interdisent bien souvent d’exister pleinement.

Ces conséquences sont profondément réelles. Et pourtant, elles sont souvent passées sous silence, parce qu’il n’y a pas forcément eu de cris, ou de violence visible. Pourtant, la blessure est bien là et mérite d’être reconnue.


5. Comment reconnaître une relation “ronce” ? Les 6 caractéristiques clés


Certaines attitudes permettent de reconnaître plus précisément une relation marquée par la dynamique de la mère ronce :


  1. Le rejet (même subtil) : une mère peu disponible affectivement, qui rejette les étreintes de sa fille, minimise les besoins, et se met en valeur pour les rares fois où elle "aide" sa fille. Durant l’enfance, des phrases comme « laisse moi tranquille ! », «  va jouer ailleurs ! », « je n'ai pas le temps de m'occuper de toi. », « tu vois bien que j'ai mal à la tête. », « tu me fatigues ! » ont souvent été employées par la mère.

  2. Des sautes d’humeur fréquentes : une instabilité émotionnelle qui oblige la fille à se suradapter, à moduler sa voix, son attitude, pour éviter les colères.

  3. Faire la pluie et le beau temps : l’ambiance familiale dépend entièrement de l’état émotionnel de la mère. Si elle va mal, tout le monde est sous tension.

  4. Le déni des blessures infligées : "ce n’est pas vrai", “je n’ai jamais dit ça !”,"tu interprètes", "tu exagères", “tu es trop sensible”... Ce refus d’entendre la souffrance de sa fille empêche toute réparation.

  5. Des comportements inappropriés à des moments clés : au lieu de se réjouir pour les étapes importantes (amour, travail, départ du foyer), la mère critique, rabaisse ou culpabilise. Par exemple, lors de  la présentation du premier copain ou de la première copine officiel(le), ou de l'obtention du premier emploi. La mère ronce ne semble pas se réjouir pour sa fille, et montre clairement sa déception. Elle sent que sa fille prend son indépendance, ses propres décisions de femme, et donc « lui échappe ». Et elle peut faire des reproches ou bouder.

  6. Une immaturité émotionnelle : la mère se comporte parfois comme une enfant blessée, attend de sa fille l’attention qu’elle n’a pas reçue de sa propre mère, devient possessive ou plaintive. Elle peut lui faire porter ses problèmes ou la rendre responsable de ses émotions blessées. Les bouderies ou les “silences radio” sont fréquents.

Ces caractéristiques ne sont pas là pour juger, mais pour comprendre. Car ce qui n’est pas nommé ne peut pas être apaisé.


6. Ce que cela veut dire (et ce que cela ne veut pas dire)


Reconnaître que votre mère a un comportement "ronce", qu’elle vous a blessée - même sans intention malveillante - ce n’est pas la condamner. Ce n’est pas nier son amour, ni décider de couper les ponts. Ce n’est pas non plus se placer en victime.

C’est simplement prendre conscience que cette relation a un coût. Et que vous avez le droit de vous en protéger, même un peu.

Poser une limite, ce n’est pas rejeter. Dire non, ce n’est pas être méchante. Prendre de la distance, ce n’est pas manquer d'amour.

C'est prendre soin de vous, pour pouvoir aimer autrement. Et transmettre autre chose à votre propre fille.

“Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu de cris que vous n’avez pas été blessée.”


7. Une première démarche : Et si vous trouviez de l'aide ?


Vous vous êtes reconnue dans ce que vous venez de lire, mais vous doutez encore de la nature de votre relation ?

Pour y voir plus clair, j’ai créé un test doux, rapide, et profondément révélateur :


En quelques minutes, vous pourrez situer votre vécu, recevoir une analyse personnalisée, et découvrir les premiers pas possibles pour vous protéger sans avoir besoin de rompre le lien avec votre mère. Grâce à cette écoute de vous-même, vous aurez déjà la sensation d’avancer. Ce test constitue un premier échange symbolique, avant même de décider si vous souhaitez obtenir une aide plus approfondie auprès d’un thérapeute, d’un psychologue ou d’un coach. C’est un petit pas essentiel pour renouer avec votre propre identité et votre propre vie.


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